Un billet d’avion pour l’Afrique de Maya Angelou

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Un billet pour l’Afrique de Maya Angelou est l’un de mes romans préféré. Ce n’est pas le récit d’un voyage d’aventure où l’on part explorer de nouveaux mondes en quête d’Ailleurs. Maya raconte dans ce livre l’histoire des deux ans durant lesquels elle est allée s’installer à Accra afin de tenter un « retour en Afrique ». Avec d’autres intellectuels afro américains descendants d’esclave, elle a voulu reconquérir la terre de ses ancêtres et participer à son émancipation. Mais, derrière le personnage iconique, on découvre une femme courageuse, engagée et tout en fêlures qui ne la rendent que plus grande.

Mes passages préférés n’ont pas été ceux dans lesquels elle nous raconte ses entrevues avec d’éminents noms du panafricanisme et de la lutte pour les droits des noirs. Ce n’est pas pour l’Histoire que j’aime ce livre mais pour l’histoire de cette femme extraordinaire, cabossée par la vie, élevant seule un jeune homme accidenté, faisant face au sexisme, au racisme, à la pauvreté mais qui chaque fois s’élève sublimement.

Car, c’est au coeur de l’intime de ce qu’il y a de plus universel dans la vie d’une femme noire que Maya Angelou nous fait pénétrer.  Et elle nous passe un message : encaisse les coups que t’assène la vie et élève toi  ! ⠀

En guise de conclusion, je ne résiste pas à la tentation de partager avec vous son fameux poème qui illustre si bien son mantra, le fil rouge de sa vie.

Pourtant, je m’élève !

Vous pouvez me rabaisser pour l’Histoire
Avec vos mensonges amers et tordus,
Vous pouvez me traîner dans la boue
Mais comme la poussière, je m’élève encore,

Mon insolence vous met-elle en colère?
Pourquoi vous drapez-vous de tristesse
De me voir marcher comme si j’avais des puits
De pétrole pompant dans mon salon?

Comme de simples lunes et de simples soleils,
Avec la certitude des marées
Comme de simples espoirs jaillissants,
Je m’élève encore.

Voulez-vous me voir brisée?
La tête et les yeux baissés?
Les épaules tombantes comme des larmes.
Affaiblie par mes sanglots émus.

Es-ce mon dédain qui vous blesse?
Ne prenez-vous pas affreusement mal
De me voir rire comme si j’avais des mines
d’or creusant dans mon jardin?

Vous pouvez m’abattre de vos paroles,
Me découper avec vos yeux,
Me tuer de toute votre haine,
Mais comme l’air, je m’élève encore.

Ma sensualité vous met-elle en colère?
Cela vous surprend-il vraiment
De me voir danser comme si j’avais des
Diamants, à la jointure de mes cuisses?

Hors des baraques des hontes de l’histoire
Je m’élève
Surgissant d’un passé enraciné de douleur
Je m’élève
Je suis un océan noir, bondissant et large,
Jaillissant et gonflant je porte la marée.
En laissant derrière moi des nuits de terreur et de peur
Je m’élève
Vers une aube merveilleusement claire
Je m’élève
Apportant les présents que mes ancêtres m’ont donnés,
Je suis le rêve et l’espérance de l’esclave.
Je m’élève
Je m’élève
Je m’élève

Maya Angelou

Cette publication a un commentaire

  1. Thia

    Magnifique le poème cité en fin d’article. Ça donne envie d’en savoir plus sur cette artiste.

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