Les femmes noires dans la littérature

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Temps de lecture :7 min de lecture

Pendant longtemps, je me suis interrogée sur l’existence des femmes noires dans la littérature. J’aime lire et écrire. Je me rappelle que collégienne, c’est presque avec excitation que je me rendais au cours de français. Comment joue-t-on avec les mots? Comment les meilleurs des écrivains s’y prennent-ils pour nous transporter par la simple lecture des signes qu’ils couchent sur le papier. Tous ces mystères me fascinent. D’autant plus que la production littéraire me semblait inaccessible, comme réservée à un certain type d’individus. Sûrement parce que tous les auteurs que je chérissais et que je voyais s’exprimer dans les médias étaient invariablement blanc, homme et issu d’un milieu favorisé.
Comment aurais-je pu penser qu’une telle pratique m’était accessible alors qu’aucune personne me ressemblant ne la pratiquait. L’Homme a besoin de représentations pour se projeter et je ne fais pas exception.
En grandissant, j’ai fini par me forger ma propre culture. Une culture qui s’est de plus en plus éloignée des auteurs conventionnels et du carcan de l’éducation républicaine. Je me suis éveillée grâce à Maya Angelou,Leonora Miano, Maryse Condé et Toni Morrison. Ces auteures m’ont accompagnée et ont beaucoup contribué à faire de moi la femme que je suis aujourd’hui qui ne s’interdit aucune ambition.
En tout cas, j’ai l’impression que 2015 marque un tournant pour la littérature française par des femmes noires. Je suis certaine que le point de départ de ce nouvel élan est Chimamanda Ngozi Adichie. Pour preuve, en l’espace de 3 mois j’ai assisté à 3 événements où l’auteure était à l’honneur.

 

L’afro-brunch organisé par Blacknote

Le 8 mars 2015, à l’occasion de la journée de la femme, Blacknote a organisé un brunch dans un restaurant africain. !

Nous avons discuté des femmes noires dans la littérature. L’organisatrice nous a offert à toutes un exemplaire de « Nous sommes tous des féministes ». Il d’agit une retranscription d’un discours Ted donnée par l’écrivaine Chimamanda Ngozu Adichie. TED, pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des conférences filmées données par des personnes qui ont des idées innovantes à partager. Eh bien Chimamanda, avec son charisme et son sens inné du story telling a propulsé la notoriété de sa conférence au-delà du microcosme TED. N’en déplaise à certains, c’est Beyoncé Knowles en reprenant des parties de son discours dans « Flawless »  qui lui a donné son actuelle popularité. Pour moi,  ce déjeuner un enchantement. Je découvrais à la fois Chimamanda, le concept de brunch à l’africaine et surtout des twitteuses captivantes IRL (dans la vraie vie).  

La session de Read consacrée à Chimamanda

Read - Maridie26 Avril 2015, direction le lounge pour femmes Maridié pour une session du club de lecture à Paris des auteurs noirs dédiée au livre « Tous des féministes » de Chimamanda Ngozi Adichie. Eh oui, encore elle ! Et je peux vous dire que Maridié était bondé des femmes et d’hommes avides de débats autour de ce si petit et si puissant livre.

Il est temps pour moi de vous dire un peu ce que j’en pense. Pour moi, ce livre d’une dizaine de pages n’est pas une merveille de la littérature (c’est de l’oral retranscrit) et ne contient pas d’idées révolutionnaires sur le féminisme (une simple conférence Ted de 30 minutes). Il reprend des idées déjà rabâchées. Je comprends la visée universaliste souhaitée par l’oratrice, mais je regrette le manque d’ouverture sur les difficultés spécifiquement rencontrées par les femmes africaines. En le lisant, je n’ai pas vraiment compris tout l’emballement autour. Ah si, Beyoncé est passée par là. Par contre, il est indéniable que dans le domaine de la littérature, Chimamanda est talentueuse. On a d’ailleurs un rapide aperçu de son talent avec la nouvelle qui complète son fameux livre. De surcroît, elle comble un manque de représentation des femmes noires et africaines en littérature.

 

Le clumsy book club

23 mai 2015, direction la Recyclerie pour la première édition du club de lecture de la bloggeuse Clumsy Mummy. Le thème? La place de la femme noire dans la littérature. Cette fois-ci, Chimamanda n’était pas au centre des échanges, mais nous en avons parlé longuement à la fin.

Chacun devait venir avec un livre d’une femme noire pour le présenter et l’échanger. J’ai ramené la belle créole de Maryse Condé et on m’a prêté le livre de la youtubeuse Issa Rae. J’ai découvert avec amusement cette réalisatrice noire qui a créé une web série autour du concept du noir bizarre. Après avoir parcouru le livre, je résumerais le « Akward Black » comme étant un noir geek. Dans mon collège, on parlait de Bounty pour désigner les noirs qui ne correspondaient pas au stéréotype du noir. Le livre est bourré d’humour. Je vous le conseille si vous comprenez l’anglais.

 

Ces différentes rencontres m’ont convaincue que les futures générations ne seront privées d’aucun talent littéraire, car plein d’autres auteurs(e)s issus de la diversité vont éclore. Nous façonnons aujourd’hui les normes sociales de demain. Bientôt j’espère, plus aucun potentiel ne sera sous exploité pour une question de manque de représentations de la diversité à tous les niveaux de notre société.

Cet article a 5 commentaires

  1. Alexandre

    Il y aussi en littérature francophone, Fatou Diomé, que vous connaissez peut-être, elle a écrit un livre qui m’a beaucoup marqué il y a quelques années, Le ventre de l’Atlantique.

  2. Oui Chimamanda Ngozi Adichie est talentueuse, j’ai aimé ses livres mais j’aime surtout son intelligence ! Je trouve dommage que ce ne soit pas des africains qui mettent en valeur leurs écrivains. S’il n’ y avait pas Beyoncé, mon amie ne m’aurait jamais parlé de Chimamanda ; s’il n’ y avait pas la mort de ces immigrants, la télévision française n’aurait pas invité Fatou Diome …

Laissez un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.