À chaque enjambée, les bottes de Keira s’enfonçaient dans la glaise jusqu’à la hauteur de ses genoux tandis que la boue s’immisçait dans les craquelures de ses pieds. Comme si la terre et l’eau s’unissaient pour l’engloutir alors qu’elle luttait pour avancer.
Devant elle s’étendait une plaine d’herbes argentée recouverte de brumes. Elle s’y enlisait résolument malgré le vent qui fouettait son cran nu, la douleur se muant en engourdissement dans ses doigts, ses orteils et la torsion qui s’emparait de son estomac.
Son corps lui hurlait d’abandonner pour retrouver le confort du foyer qu’elle avait quitté un mois plus tôt, mais elle ne pouvait s’y résoudre. Comment pouvait-elle reculer maintenant qu’elle était si près de percer l’énigme de la montagne Anyambda ?
À l’approche du crépuscule, elle hésita à s’arrêter pour se mettre en quête d’un abri pour la nuit. Seulement, il lui semblait distinguer par delà l’étendue grise qui lui faisait barrage les cimes d’Anyambda. Alors elle ordonna à sa chaire meurtrie et aux muscles de ses jambes prisonnières de s’extraire de la glaise pour aller encore plus loin. Sa volonté était puissante cependant, son corps était bien trop affaibli. Elle se sentit défaillir puis s’écroula dans la mare terreuse.
Elle fut réveillée par la chaleur d’une peau rugueuse enveloppant sa main droite. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle ne vit qu’un aigle royal fendre le ciel d’aurore avec ses ailes émeraude. Elle était emmitouflée dans une étoffe molletonneuse au parfum de châtaignes sur le bord d’un chemin qui serpentait entre 4 petites maisons de bois vers la mystérieuse d’Anyambda…